SAMUEL BRAND, PROJETS ET RÉFÉRENCES

Pour conclure cette rencontre avec Samuel Brand, souffleur de verre et perlier d’art, j’ai souhaité parler de ses goûts et lui poser des questions sur la réalité de son métier. Samuel aurait du mal à vivre sans le verre mais il a conscience qu’il a fait un choix difficile. Il évoque, avec honnêteté, ses défis, les satisfactions de son métier et les points importants dont il faut tenir compte quand on veut se lancer dans cette aventure. 

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Peux-tu citer des artistes dont tu aimes le travail ?

Un peintre qui s’appelle Delène Bartholdi. Il travaille avec de la feuille d’or et de la feuille d’argent. Je souhaitais faire mon projet de BMA avec lui. On a finalement eu l’obligation de le faire avec des restaurants. Il avait l’air emballé par le projet, j’étais assez déçu de ne pas le faire. J’avais déjà une idée précise en tête et j’avais fait les démarches pour le rencontrer. On ne sait jamais, ça se fera peut-être un jour. Sinon, j’aime le travail de William Turner, c’était un génie. J’en aime beaucoup d’autres ! Je suis attiré par les couleurs.

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Y a-t-il une œuvre ou un objet qui t’a toujours accompagné ?

J’ai une pièce de Pierre Nicolle. Il me l’avait donnée. C’était un flacon que l’on avait transformé en une sorte de pot. C’est plutôt son histoire qui m’accompagne. Je l’ai vue à la fabrication, c’était une technique que j’appréciais beaucoup et on arrivait bien à travailler ensemble. J’ai pas mal d’artisanat chez moi, il n’y a pas une pièce en particulier qui me suit partout. Lors d’une exposition, j’ai rencontré un sculpteur qui faisait des pièces en fil de fer. Il m’a offert un petit souffleur de verre. C’est un bon souvenir, on avait bien discuté. Ce sont les souvenirs qui me marquent. Je n’ai pas d’œuvre à proprement parlé chez moi.

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Quelles sont les principales qualités nécessaires pour être souffleur de verre ?

La ténacité ! Il faut s’accrocher, c’est un métier difficile. Il est difficile d’en vivre, les consommables sont chers et il y a énormément de contraintes dans le verre. Ça vaut le coup de s’accrocher car c’est une matière magnifique à travailler. On peut faire des choses géniales avec le verre. Je pense qu’il y a encore des pistes, peut être pas inconnues, mais étonnantes à explorer. Il faut se souvenir qu’on n’a pas que nos mains, on a aussi une tête et il faut s’en servir. Il faut réfléchir à plein de choses, développer les projets et faire au mieux. Il faut aussi de la force physique, de l’endurance, de la rapidité et de la précision. C’est un métier assez complet. Il faut travailler aux bonnes températures.

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Avec le temps, ça devient mécanique mais au début, c’est fatigant. Il ne faut pas être perfectionniste parce qu’avec le verre, ça peut mal tourner. On ne peut pas exactement tout contrôler ou faire deux fois la même pièce. On peut faire des pièces très proches mais pas identiques. Il faut également se souvenir que nous ne sommes là que pour guider la matière. En étant détendu, on arrive davantage à atteindre son objectif. En fonction de mon humeur, j’arrive plus ou moins bien à faire des pièces. J’ai parfois décidé d’arrêter de travailler parce que je n’arrivais à rien. Je dépensais de l’énergie, du consommable et du verre mais je n’étais pas dans un bon jour. Quand je suis fatigué, la matière le sent et me le fait payer. Si je fais des pièces habituelles, je peux y arriver parce que j’ai l’habitude du geste. Si je fais une pièce plus technique, il vaut mieux la reporter à un autre jour. En cas de fatigue ou de douleur, il faut s’écouter sinon la matière te le rend au centuple !

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Que conseillerais-tu à un novice qui veut se lancer ?

Vas-y ! De toute façon, c’est assez simple, si un verrier est mordu, il continuera. Je me souviens de la première fois où j’ai pris de la matière, au lycée. Le professeur avait tendu un ferret en métal pour pouvoir manipuler du verre. Mes potes ont reculé, pas moi. C’était très important pour moi, je voulais commencer immédiatement. Une fois qu’on a pris de la matière pour la première fois, c’est génial. Je lui conseillerais de persister et je lui souhaiterais bon courage parce que c’est un métier difficile qui demande de la persévérance, vraiment ! C’est très important.  Certains verriers lui conseilleraient de ne pas se lancer. Je n’ai pas envie de dire ça non plus. Je vois que je progresse avec le temps et que j’apprends perpétuellement de nouvelles techniques, j’explore plein de choses. Je découvre des personnes qui travaillent différemment et c’est passionnant. Il y a aussi des périodes de creux. Quand on produit des pièces qu’on a l’habitude de faire, de façon répétitive, ce n’est pas rébarbatif mais c’est moins magique que quand on fait une pièce pour la première fois.

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Y a-t-il une pièce fabriquée par un autre que tu aurais voulu créer ?

Je vois des projets très sympas. Je dessine aussi des méthodes dans mes carnets et je découvre plus tard que d’autres verriers les ont déjà testées. Quand je m’en rends compte, je suis un peu déçu ! Quand j’étais à Saint Louis, j’aurais bien aimé participer à des projets de fontaines en verre. J’aurais bien voulu travailler dessus avec l’équipe entière, pas les réaliser seul. C’est le procédé de fabrication qui m’intéressait, pas la pièce en elle-même.

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Aimerais-tu travailler en équipe ?

Il y a des moments où j’aime travailler seul et d’autres où j’aimerais travailler avec d’autres verriers. D’ailleurs, c’est un peu ce que je fais. On fait parfois des petites pièces avec Thibaut, mon ami verrier, pour se faire plaisir. L’échange est sympa. À plusieurs, on peut faire des projets qu’on ne peut pas faire seul, c’est plutôt cool !

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Quel est ton plus grand défi ?

La vente ! C’est le plus difficile. En terme d’administration, il y a tous les papiers à gérer, c’est beaucoup moins fun. Je m’en occupe pour pouvoir continuer à travailler le verre. Si je gagnais à la loterie, je n’arrêterais pas de produire. Au contraire, je pense que j’aurais envie de tester d’autres matériaux et outils. Un bon outillage peut permettre de faire des choses que je ne peux actuellement pas faire. En terme de fabrication, il y a les restaurations de pièces qui sont très sympas mais difficiles à réaliser. J’ai pratiqué avec Pierre Nicolle qui en faisait énormément. C’est une méthode de travail différente et complexe et l’utilisation des compas n’est pas facile. 

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Quelle est la chose la plus gratifiante ?

Il y a quelque temps, durant un marché, un jeune m’a dit qu’il avait eu un coup de cœur pour l’un de mes presse-papiers. C’était cool, on me parle rarement d’un coup de cœur. Le plus gratifiant reste de vivre de son métier. C’est difficile mais quand je me dis que je suis verrier, je suis content.

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Si tu pouvais choisir la prochaine interview de L’Envers du Décor, qui choisirais-tu ?

Zlarine, bijouterie fine. Elles sont trois et elles assurent.

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Photos : © L’Atelier verrerie du Chat Noir, © L’Envers du Décor. Photographies fournies par Samuel Brand ainsi que L’Envers du Décor et publiées avec leur autorisation.