Pouvez-vous vous présenter en quelques mots?
Je suis Candy Vitrac, céramiste depuis 6 ans. Pour me définir en quelques mots, je dirais l’art, la philosophie et la nature. Travailler le quotidien en étant à l’écoute de soi et des autres, prendre le temps, se poser de bonnes questions quant à notre façon de vivre, marcher, regarder, écouter, respirer et expérimenter.
Comment définissez-vous votre univers?
Le monde que je crée est à l’écoute de mes sensations visibles et invisibles. Apprendre à suivre son intuition.
Je m’entoure d’objets que je collecte dans la nature lors de mes déambulations dans la forêt ou à la mer : des pierres, coquillages, branches, fossiles, sable, terre, fleurs, plumes, autant d’objets naturels qui me rappellent l’importance de la nature et me font sentir vivante. En tant que céramiste, mes mains sont comme le prolongement de cette nature, avec lesquelles je vis et je sens. La terre vient se poser sur ma peau, jeu sensuel du travail du modelage et du tournage. Ma gamme chromatique est douce et proche de celle de la nature, des tons bleus-verts, qui va du blanc au noir, en passant par des gris colorés , des bruns, rouges couleurs des différentes argiles. Dans mon travail comme dans ma maison, je suis entourée de surfaces de couleurs et de très peu de motifs. Ce qui me plaît sont les différentes matières qui fournissent un choix d’assemblage immense.
Quel a été votre parcours avant le lancement de votre activité? Comment a démarré cette passion?
L’art s’est manifesté très tôt , faire mes études dans des écoles d’Art était autant une nécessité qu’une évidence.
Après un bac littéraire, arts-plastiques, j’ai étudié à Olivier de Serres à Paris, 15 ème. Je suis diplômée d’un BTS Céramique et d’une Licence Céramique à La Cambre, à Bruxelles, Belgique.
Dans ce cursus, il y a eu un moment de questionnement , lorqu’il a fallu que je choisisse dans quel atelier je voulais m’orienter. J’étais intéressée par des tas de matériaux : le textile, le verre, le plâtre, la résine, le métal… certains ateliers étaient très demandés, j’ai finalement été prise dans l’atelier de céramique. Au début, je ne savais pas ce qu’on allait y apprendre… Très vite j’ai su que c’était là qu’était ma place. L’ambiance de l’atelier, le travail de la terre, le modelage, le plâtre, le volume, la tablier, retrousser ses manches, cet univers était le mien, j’aime mettre les mains à la pâte !
Quand et comment avez-vous décidé de lancer votre marque?
Après 6 ans d’école d’art, j’étais impatiente de créer mon propre atelier . J’ai rencontré Fanny à La Cambre (la marque YFNA , céramiste aussi) qui avait le même désir de création d’atelier. Nous sommes revenues à Paris construire notre premier atelier. Les trois premières années ont été faites de multiples ventes, marchés de potiers, marchés de Noël, ventes privées,ventes en boutiques puis le temps des Boutiques éphémères est arrivé. J’ai travaillé avec La Boutique éphémère de Marthe Lazarus ou Klin D’oeil qui m’ont ouvert des portes sur une nouvelles clientèles en plus des belles rencontres avec les autres créatrices.
Quels sont vos premiers souvenirs de création en céramique? Qu’avez-vous ressenti?
Je me souviens de mes premières émotions lors du défournement des premières cuissons. C’est magique, le moment où l’on va découvrir le travail de plusieurs jours voire semaines car le processus du travail de la terre est très long. L’ouverture du four est toujours un moment d’excitation intense !
Il y a une pleine satisfaction de réaliser un objet soi-même, avec ses propres mains. La création apporte une réelle confiance. Par exemple, dans mes premiers souvenirs, j’aimais écouter le son de l’émail sur les pièces encore chaude sortant du four, sur les étagères, on pouvait les entendre, c’était un bruit très doux, l’émail craquait , comme décrire ce bruit… un tintement de verre…qui claque..?
Le travail de la céramique est intense depuis le début et le sera toujours, il y a une telle infinie de possibilités… une vie ne suffit pas pour tout découvrir et c’est ce qui la rend passionnante.
Où allez-vous chercher l’inspiration?
L’inspiration est partout.
La nature a une grande place dans ma pratique car j’y puise mes ressources énergétiques et sensorielles. Dans mes déambulations du quotidien, je peux m’inspirer d’une forme, une couleur, une matière, un film, une rencontre ou lors d’un voyage .
Certaines de mes lectures comme «Lettres à un jeune poète» de Rainer Maria Rilke, «L’éloge de l’ombre» de Tanizaki , «De l’art de terre, de son utilité, des esmaux et du feu» de Bernard Palissy (à retrouver sur mon site : ateliercandyvitrac.com dans la rubrique « utile ») sont des livres dans lesquels je puise une force , une énergie pour m’aider à avancer et à ne rien lâcher, parfois il m’arrive de les relire.
Le procédé de céramique lui-même demande du temps. Plus qu’un simple acte créateur, c’est une relation au monde, une façon de vivre où se développe une conscience de chaque instant.
Crédits photos : photographies fournies par Candy Vitrac et publiées avec son autorisation, (c) Candy Vitrac