Pour terminer cette immersion dans l’univers de Leeloo, voici des précisions sur ses goûts artistiques, les difficultés de son métier et ses projets.
Pourrais-tu nommer tes références dans le tatouage ?
Nikko Hurtado qui fait du réalisme, Dmitri Samohin également. Ce sont deux gros barons du tatouage. En couleurs, j’aime bien Jeff Gogue. En noir et blanc, Grindesign, Hugo tattooer, Ben Lopez , Kenji Alucky, Delphine Noiztoy. J’aime également Onnie Oleary Tattoo, MXM, Corey Divine et Thives of Tower.
D’autres artistes qui t’inspirent, dans d’autres domaines ?
Roberto Ferri et Mike Dargas, deux peintres. Roberto Ferri s’inspire de la peinture italienne, il peint des corps nus réalistes, les thèmes sont très sombres.
Il s’agit souvent de femmes très voluptueuses avec, par exemple, une tête d’homme dégoulinante dans la main.
Mike Dargas fait des portraits réalistes immenses de visages de femmes avec du miel qui dégouline. J’aime également Bernini, le fameux sculpteur italien.
En musique, j’aime bien écouter Igorrr pour dessiner, l’album Nostril, un mélange de hardtek et de musique baroque qui se barre parfois en black métal, c’est très bizarre. Sinon j’aime bien la musique classique, j’écoute du piano en tatouant. J’écoute d’autres groupes comme Die Antwoord, des musiques qui boostent.
Portes-tu beaucoup de tatouages ? Quelle est leur histoire ?
Pas tant que ça, j’en ai dans la bouche, sous le menton, derrière l’oreille jusqu’au cou, j’en ai un sur le bras qu’on est en train de continuer, un sous la côte, des points sur les mains, un sur le ventre et des petits trucs faits à la main sur les pieds et sur les jambes.
Le premier était pour m’entrainer. Derrière l’oreille, c’est celui de Hiderow, c’était une légende au Japon et un bon ami, il est malheureusement décédé. Grâce à lui, j’ai découvert tous mes meilleurs amis au Japon. Les mains, c’était comme ça, pour la liberté de faire quelque chose parce que j’en ai envie sur l’instant. Le tatouage sur mes côtes m’a permis d’apprendre à faire de bons dégradés de couleurs. Concernant ma jambe, je voulais tatouer dans le château de Guérande. J’ai trouvé un job pour pouvoir me tatouer là-bas, c’est tout.
Quelles sont les principales qualités pour être un bon tatoueur ?
Savoir dessiner, avoir une sensibilité artistique et savoir se protéger un minimum sinon tu ne tiens pas longtemps. Quand tu tatoues, tu éponges beaucoup les sentiments, les vibrations des gens. Il faut aussi être très propre !
Que conseillerais-tu à un tatoueur novice ?
Dessiner, dessiner et dessiner !
Y a-t-il un tatouage que tu aurais voulu dessiner ou porter à la place de quelqu’un ?
Parfois je me dis qu’un tatouage m’aurait bien tenté, parmi les miens ou ceux des autres, mais aucun modèle précis ne me vient à l’esprit. On n’a qu’un corps !
En quoi être tatoueur est un défi ?
La concurrence de plus en plus grande. En France, c’est également le manque d’ouverture d’esprit. Les gens se limitent à ce qu’ils connaissent et ce qu’ils voient. J’ai la chance d’avoir une clientèle ouverte d’esprit mais ça reste limité par rapport à Londres, Berlin ou Tokyo.
Qu’est ce qui est le plus difficile dans ton métier ?
La douleur, beaucoup de gens ont mal et bougent. C’est dur. Il faut également savoir comprendre la peau pour savoir comment la tatouer. Il faut savoir sentir la peau et la personne. Chaque peau doit être gérée différemment.
Et le plus gratifiant ?
Que les gens soient contents et fiers après, qu’ils se sentent mieux. La vie de certaines personnes change du tout au tout après un tatouage. Ils ont plus confiance en eux.
Quels sont tes projets ?
Je vais à une convention de tatouage à Londres en Mai et j’aimerais aller travailler à Los Angeles l’année prochaine. J’aimerais surtout présenter mon exposition de dessins, de peintures, de tableaux et de grandes photographies de tatouage. Je cherche un beau lieu !
Quel artiste aimerais-tu voir sur mon site ?
Roberto Ferri ou Mike Dargas ! J’aimerais savoir comment ils font.
Beth Cavener, une sculptrice qui travaille beaucoup sur les animaux et qui fait à la fois des pièces toutes petites et gigantesques. Je me demande comment elle fait pour passer d’une taille à l’autre. C’est un mélange entre Banksy, La Fontaine et Bernini.
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Merci Leeloo !
Crédits photos : photographies fournies par Leeloo et publiées avec son autorisation © DeadMunchStreet