Le savoir-faire d’Aurélie Guillemin

Le savoir-faire d’Aurélie Guillemin est dévoilé dans cette deuxième partie de notre entretien. Aurélie est une créatrice patiente qui projette ses créations directement sur la matière à coup de scie et de pince. Elle crée alors des formes presque vivantes qui nous rapprochent de la nature.

© VJ Fouché

Où travailles-tu?

Je suis installée dans un petit atelier-galerie dans le centre-ville d’Arles – au 38, rue du quatre septembre – où je crée et expose mes bijoux. Le lieu est un petit écrin qui a beaucoup de cachet : un plafond très haut en bois, des tommettes en terre cuite au sol, des vielles pierres et une vitrine qui donne sur la rue. Auparavant, je travaillais dans un atelier sans boutique à Montpellier. Il s’agissait d’une pépinière d’entreprises créée par la Ville de Montpellier et qui propose des petites échoppes pour lancer les artisans d’art. Désormais, dès que je termine un bijou, je le mets en vitrine et non plus dans une boîte ! De plus, il y a la vie commerçante, je passe de longs moments à regarder les gens passer dans la rue, flâner, regarder ma vitrine, ça change. J’ai envie de créer un univers chaleureux et accueillant où les gens se sentent bien. J’ai vraiment voulu partager l’espace, avoir un vrai atelier avec tous mes outils et une vraie boutique avec des présentoirs. C’est un grand changement, je suis en contact avec les gens et non plus dans ma tanière !

Quel est ton outil préféré et pourquoi?

C’est le bocfil. À l’instant où je commence à scier un motif, plus il est long à scier, plus ça me plaît. Je sais que je vais passer des heures plongée dans mon ouvrage sans voir le temps passer. J’adore ça.

© VJ Fouché

Quels autres outils utilises-tu?

Le chalumeau pour les soudures. À certains moments, je le déteste car je n’arrive pas à faire les soudures que je veux et quand ça marche, je l’adore.

© VJ Fouché

Quels matériaux utilises-tu le plus et pourquoi?

Les métaux : l’argent, le laiton, le cuivre et l’acier. J’aime ces métaux parce que je peux les oxyder et obtenir de belles couleurs. Je fais les oxydations essentiellement au chalumeau. Elles sont toutes différentes. Sur une paire de boucles d’oreilles, les couleurs seront différentes. C’est un parti pris, j’aime cette possibilité d’évolution chez les métaux. Dans le temps, la pièce va évoluer car les oxydations ne vont pas rester telles qu’elles sont. Elles peuvent bouger un peu, ce que je trouve très beau. Le bijou va évoluer, comme tous les bijoux mais dans le cas de mes pièces, l’oxydation va continuer à travailler.

Comment obtiens-tu ce mouvement si particulier dans tes pièces?

Généralement, les pièces et les motifs sont droits et stricts, et une fois que j’ai terminé le montage de base, je les mets en forme avec des pinces ou même avec mes doigts. Je vais aller jusqu’au bout de ce que le métal peut me laisser faire.

Photos ci-dessus : © Violaine Fouillouse

Comment choisis-tu tes matières premières?

J’ai deux fournisseurs de matériaux, un fournisseur de métaux précieux et un fournisseur pour les moins précieux (laiton, cuivre et acier). Ce dernier a d’autres métaux que j’espère bientôt tester.

© Violaine Fouillouse

Quel est ton processus de création?

Je ne dessine jamais mes idées ou les bijoux finis. Le dessin n’est pas représentatif de ce que j’ai dans la tête, du coup, ça me décourage. Je dessine uniquement les motifs que je vais découper. Ensuite, j’en découpe plein, je les assemble, je compose la pièce avec les motifs découpés au préalable. C’est mon processus de création habituel.

© Violaine Fouillouse

As-tu un rythme quotidien type?

La seule contrainte que je m’impose est celle des horaires sinon le soir je finis très tard et le lendemain, je ne peux pas commencer à l’heure que je veux. Généralement, je m’occupe des tâches administratives, des e-mails et du site le matin. Je produis les pièces l’après-midi. Si je n’ai pas de tâches administratives, je produis toute la journée.

© Violaine Fouillouse

Photos : © Aurélie Guillemin, sauf mentions : © VJ Fouché, © Violaine Fouillouse. Photographies fournies par Aurélie Guillemin et publiées avec son autorisation.