Où travaillez-vous?
La campagne me manquait, j’ai donc quitté Paris pour revenir dans la région où j’ai grandi. Je travaille seule maintenant depuis trois ans dans mon atelier.
Pouvez-vous me parler de vos outils et de leur fonction ?
Dans mon atelier, les indispensables sont : le tour de potier, le four électrique, les étagères, des sots, une table en marbre pour battre la terre, une table en bois pour travailler et des planches de bois et une étagère avec le matériel du céramiste comme les pinceaux, éponges, gants, tamis, mirettes, masques, colorants, matières premières, rouleau en bois, couteaux et aussi les terres stockées dans un lieu sec et à température moyenne.
Bien que la technologie nous permette d’utiliser l’électricité , comme pour le tour de potier, les principaux outils sont les mains. C’est ce que je préfère dans mon travail, le corps devient outil , les mains mais aussi le poids du corps, l’équilibre et le souffle. Dans le travail du tournage, la respiration comme la posture sont très importantes.
Comment choisissez-vous votre matériel et vos matières premières?
Les terres que j’utilise sont la porcelaine et le grès. J’ai différents grès, noir, rouge et jaune plus ou moins chamottés, ce qui veut dire que le terre contient de petits grains de terre cuite concassée. Ce sont des argiles qui cuisent à haute-température et c’est ça qui m’interresse ! La terre qui se transforme en pierre, contrairement à la faience qui cuit à plus basse tempétarure, donc plus fragile. J’ai besoin de solidité, même si la finesse de certaines pièces les rendent très fragiles, mais j’aime aussi qu’elles nous demande de la délicatesse.
Je fabrique mes émaux à partir de bases transparentes ou de blancs mats ou satinés en ajoutant les colorants sous forme de poudre. Je commence à fabriquer mes propres émaux à partir de matières premières comme la silice, le quartz, feldspathe, craie….
Toutes les matières premières viennent du fournisseur Ceradel . Mon four vient de chez Peter Lavem, de la marque Rhodes.
Comment se passe la fabrication d’un objet en céramique ?
Après le moment de façonnage, c’est à dire le modelage à la main ou sur le tour de potier, il y a le moment de séchage. La terre a besoin de temps pour évaporer l’eau qu’elle contient car pour la première cuisson à 980 degrés, la pièce doit être complètement sèche , sinon l’humidité abime les résistances du four mais aussi elle risque de se fissurer . Puis, comme le tesson est encore poreux, on émaille la pièce au pinceau ou par trempage dans un bain d’émail , le tesson absorbe le liquide qui se transformera en verre après la deuxième cuisson à 1250 degrés et la terre revient à l’état de pierre. Comme la pièce est non-poreuse après cette seconde cuisson, c’est ce qui permet de ne pas l’émailler partout, et laisse la liberté de laisser la terre brute sur certaines surfaces.
Les trois premières années, je réalisais des moules en plâtre afin de produire des pièces en petites séries, aujourd’hui j’ai besoin de plus de contact avec la terre directe, mais je pense me tourner de nouveau vers le plâtre car le travail de céramiste évolue sans cesse, je suis mes envies, par des essais, qui amènent de nouvelles idées… Toute technique est à réinventer, il y a tellement de possibilités de créer son quotidien, laisser ouvert son esprit, ses mains, son coeur, laisser venir l’inspiration et oser de nouvelles choses, c’est un travail de tous les jours .
Comme le dit Fabienne Verdier dans Passagère du silence, il faut être perséverant dans nos métiers . Ne rien lâcher, continuer en acceptant les moments difficiles, de frustration, de casse, de ratés, c’est ce qui nous fait avancer !
Crédits photos : photographies fournies par Candy Vitrac et publiées avec son autorisation, (c) Candy Vitrac