AUDREY MESTDAGH – INTRODUCTION
Les bijoux d’Audrey Mestdagh sont bruts et primitifs. Néanmoins, on y voit également le minimalisme et la discrétion de la créatrice. C’est cet audacieux mélange qui m’a tout de suite plu dans ses bijoux. Audrey tente de synthétiser l’essence de ses recherches dans chacune de ses pièces pour leur octroyer une histoire et l’authenticité factice assumée d’une autre époque. Designer de formation, elle allie son sens des formes à l’amour du geste et aux magnifiques irrégularités réservées par le travail du bronze. Rencontre avec cette artisan designer inspirée.
« Trouver une âme, dans les recherches et l’objet de départ, et l’exploiter. L’idée est que tout aurait pu être là il y a des années, comme transmis et intemporel. Un travail infusé d’authenticité. »
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Audrey Mestdagh et je suis artisan designer. Je suis née en région parisienne et je suis maintenant installée dans le sud-ouest.
Comment définissez-vous votre univers ?
De ma formation en design, j’ai gardé le goût des volumes et des courbes que je travaille longuement jusqu’à obtenir une ligne parfaitement équilibrée. C’est alors que naissent mes collections de bijoux, un travail oscillant entre art et design.
Quand et comment avez-vous décidé de lancer votre activité ?
Je suis née dans une famille d’artisans entrepreneurs. Après des études de design, je multiplie les postes entre magazines et shootings photo, rédaction, stylisme et production. Mais la vie est trop courte pour ne pas retourner à mes premiers amours : le design et le bijou. J’ai toujours été attachée à l’expérimentation des matières, je me suis donc lancée dans l’aventure du bijou.
Quel a été votre parcours avant le lancement de votre activité ?
J’ai un diplôme national d’arts et techniques en design. Après divers postes, j’ai décidé de revenir vers un travail manuel. Je me forme alors en autodidacte. J’apprends la soudure, le martelage, le design, le polissage, et façonne à la main chacune de mes pièces.
Comment a démarré cette passion ?
J’ai toujours été très attirée par les bijoux et notamment par les parures anciennes Arts Premiers. Je peux passer des heures au musée du Quai Branly m’inspirant de toutes les tribus. En travaillant les courbes et volumes, j’imagine mes bijoux comme des micros sculptures.
Vous êtes designer de formation, quelle est l’influence de votre ancien métier sur votre pratique actuelle ?
J’envisage le bijou comme un objet à part entière et le travaille avec toute l’application d’un designer. J’envisage le volume et les courbes du bijou comme le designer peut penser le volume et les courbes d’un objet, d’une chaise, d’un meuble. Trouver le juste milieu, épurer les lignes et trouver le parfait équilibre, voici les maîtres mots de mon travail.
Quand avez-vous créé votre première pièce. qu’est-ce que c’était ?
J’ai commencé par créer des bijoux très fins en fils de laiton. Mais j’ai rapidement exploré d’autres techniques et notamment la fonte à la cire perdue. Une technique ancestrale de sculpture qui m’a permis d’évoluer vers la fabrication de bijoux en bronze. L’un de mes premiers modèles est la bague Cheveyo qui est encore aujourd’hui un must have de la marque.
Quel est votre processus de création habituel ?
Je suis très inspirée par les Arts Premiers et j’explore régulièrement les expositions, livres et images que je peux trouver. L’inspiration vient d’elle-même, je dessine des croquis et je passe rapidement au volume. Je tente alors de sculpter mon bijou en cire puis vient le temps de la fonte. Ensuite je retravaille le bijou en bronze jusqu’à obtenir le volume que je souhaitais.
D’où vient votre inspiration ?
Je suis souvent très inspirée par les tribus anciennes mais aussi par le design notamment des années 50 ou bien encore le corps et la nature. Les courbes d’une femme, une simple balade en forêt ou sur la plage peut me donner des idées de volume et de bijoux.
Je m’inspire également de mes voyages et j’aime dénicher d’anciens trésors. J’aime les matières naturelles que le temps délave et ennoblit, les Arts Premiers, l’architecte Richard Neutra, la photographie, flâner dans les librairies, les grandes tablées ou encore me plonger dans un roman, me ressourcer au bord d’un lac, la côte ouest américaine, les roads-trips en amoureux, l’art brut et celui des tribus Hopi… Bref, je m’inspire de tout !
Photos : © Audrey Mestdagh. Photographies fournies par Audrey Mestdagh et publiées avec son autorisation.