Un créateur se nourrit de ce qui l’entoure : différentes formes d’art, le travail des autres, la nature… Marine nous parle de ce qui enrichit son univers, de son quotidien et des qualités nécessaires pour exercer ce travail.
© Christine Réfalo
Pouvez-vous citer des créateurs de bijoux dont vous aimez le travail?
Un créateur qui a été un déclic est Sebastian Buescher. Il est très facile de trouver des photos de ses bijoux mais je ne sais pas si il exerce encore, il n’est pas facile de se documenter sur lui. Je sais donc assez peu de choses sur lui, je n’ai d’ailleurs jamais vu un de ses bijoux en vrai. Quand j’ai découvert son travail, ça m’a vraiment mis une claque, j’ai compris qu’on pouvait vraiment se permettre une grande liberté avec le bijou.
Il y en a plein d’autres mais je reste sensible aux créateurs qui utilisent également des matériaux naturels. Il y a Beth Legg, une écossaise qui fait un boulot incroyable avec des matériaux naturels, c’est super beau. Il y a également des créateurs français que j’adore, Sébastien Carré et beaucoup d’autres. J’aime également beaucoup le travail d’artistes du Nord. En France, on a l’occasion de les rencontrer et il y a d’autres choses que le bijou qui jouent, il y a la personne. Par exemple, Suzanne Otwell Nègre qui fait des bijoux incroyables en France est une femme merveilleuse. Il y a également Sylvie Pellicer qui est très secrète et qui fait des bijoux superbes. Ces deux créatrices travaillent exclusivement le métal.
© Christine Réfalo
Quels sont vos artistes de référence?
Il y en a plein. J’aime la littérature : les romans, la réalité fantastique dans la littérature sud-américaine, etc. Je suis très influencée par les arts populaires, c’est très vaste. Ensuite, il y a des personnes comme Kate MccGwire, Jephan de Villiers et d’autres dans l’univers de l’art brut qui m’inspirent. Il y a également des artistes comme Louise Bourgeois, Berlinde de Bruyckere, etc. En musique et en cinéma, c’est la même sensibilité, c’est souvent des choses liées aux ethnies minoritaires.
© Christine Réfalo
Avez-vous des bijoux fétiches?
Je ne porte pratiquement jamais de bijoux. J’en ai, j’ai un très beau bijou d’Emmanuelle Hamet qui s’appelle ‘Nomade’. Il s’agit d’un bijou qui se décline et qu’elle a créé en Afrique. Je ne le mets quasiment jamais mais j’aime l’avoir. J’ai une autre paire de boucles d’oreilles de Sébastien Carré que je mets également très peu. Il y a également un de mes bijoux qui me tient particulièrement à coeur qui s’appelle ‘fétiche’ d’ailleurs. C’est une boule de cyprès transpercée de nombreux clous, c’est un bijou qui me parle. J’ai aimé le faire.
© Christine Réfalo
Quelles sont les qualités principales pour faire ce métier?
De la persévérance et une grande liberté.
Que conseilleriez-vous à un novice?
De ne pas trop se laisser guider par les courants de mode. C’est terrible car il y a plein de bonnes idées, on est abreuvé d’images avec Pinterest, Facebook, etc. C’est super mais il faut aussi réussir à se nourrir de l’intérieur, de soi-même. Dans le bijou et dans la mode en général, c’est très dur. Il faut faire attention de ne pas trop se laisser influencer par ce qu’on voit. En même temps, c’est nécessaire donc c’est un peu contradictoire. Il faut réussir à se nourrir de soi-même autant que des autres.
© Christine Réfalo
Y a-t-il un bijou, créé par un autre, que vous auriez voulu créer?
Il y en a plusieurs. Il y a les bijoux de Gilles Jonemann, souvent je me dis ‘ah c’est déjà fait’ en les voyant, et certains bijoux de Sebastian Buescher aussi. Néanmoins, il en reste plein à faire!
© Fabien Guiraud
Le plus grand défi au quotidien?
Il faut gérer des stocks pour manger et réussir à rester dans la création. C’est difficile de se dire chaque jour qu’il faut produire telle série de pièces pour approvisionner tel lieu de vente. Ça prend beaucoup de temps et il en reste très peu pour se réinventer. Le défi est donc d’avoir plus de temps et de faire moins de concessions – même si il faut quand même gagner sa vie – pour avoir plus de temps pour créer.
© Fabien Guiraud
Quel est le plus gratifiant dans ce métier?
De voir un de mes bijoux porté par quelqu’un qui, en le voyant, dit exactement les mots auxquels vous avez pensé en le faisant. Une personne pour qui ça a du sens. Ça résonne pour elle comme pour vous. Ça arrive!
© Christine Réfalo
Quels sont vos projets?
Faire plein de nouvelles pièces, réussir à mettre en forme tout ce que j’ai dans la tête cette année, ce serait chouette! Ne pas être que dans la gestion de stocks. Pour le moment, c’est juste ça. J’ai plein d’autres projets, j’aimerais bien acquérir un peu de technique pour me donner plus de liberté. Par exemple, en soudure, ce problème avec les apprêts pourrait me bloquer par moment. La technique, c’est bien de ne pas en avoir parce que ça nous oblige à sortir des sentiers battus mais parfois, c’est bien d’en avoir un peu pour se donner la liberté de prendre ces fameux sentiers battus!
Quel créateur souhaiteriez-vous voir sur L’Envers du Décor?
Sebastian Buescher. Si vous y arrivez, ce serait génial, ou bien la très secrète Sylvie Pellicer pour montrer ses magnifiques pièces.
Merci Marine!
Pour retrouver Marine :
Page sur le site Les Ateliers d’art de France :
www.ateliersdart.com/atelier-marine-cauvin-bijoux
Facebook : www.facebook.com/Marine-Cauvin-Bijoux
Adresse de sa boutique :
Boutique atelier
1, rue Willaumez
Le Palais, Belle-île-en-Mer
© Christine Réfalo
Photos : © Christine Réfalo, © Nathan Cauvin, © Fabien Guiraud . Photographs provided by Marine Cauvin and published with her approval. Cover : © Nathan Cauvin.