Dans son atelier de Belle-île-en-Mer, Marine se sert de ses outils de prédilection, habituellement utilisés pour le travail de bois, pour créer des bijoux. Elle évoque sa technique, ses récoltes et le développement de ses projets.

© Christine Réfalo. Site L'Envers du Décor www.lenvers-du-decor.com


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Où travaillez-vous?

J’ai un petit atelier avec un coin boutique à Palais, le port d’arrivée de Belle-île-en-Mer. C’est une belle pièce avec plein de lumière. J’ai donc un coin atelier, un coin boutique et il y a également toutes les sculptures de mon compagnon Pablo Castillo qui ne travaille pas dans ce lieu. Cette configuration me permet de travailler et d’accueillir du public. L’atelier est ouvert, c’est un grand «U» au fond de la salle donc les visiteurs peuvent me voir travailler. C’est un fouillis pas possible mais les gens ne sont jamais choqués, ça tranche avec le reste de la pièce mais ils adorent.

© Nathan Cauvin. Site L'Envers du Décor www.lenvers-du-decor.com


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Quel est votre outil de prédilection?

Mes gouges à bois pour sculpter et ensuite, ce sont mes pinceaux. Je me sers également de mon Dremel pour percer mais sinon, c’est surtout mes gouges et mes pinceaux.

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Utilisez-vous d’autres outils?

Il y a tout mon matériel pour la dorure à la feuille. J’ai également un petit carnet et mes livrets. Finalement, j’ai plein de choses mais il y a très peu d’outils dont je me sers vraiment quotidiennement.

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Quel est votre matériau préféré?

Je les aime tous mais ceux avec lesquels j’ai le plus de facilité sont ceux qui se rapprochent du bois. Les chapeaux de glands, les noisettes, les écorces, etc. Après, il s’agit d’une histoire de sensibilité. Quand j’ai des matériaux proches du bois, quelque chose se passe. Je fais mes apprêts parce que ça fait partie du jeu mais ce n’est pas la partie agréable de mon travail.

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Quels autres matériaux utilisez-vous?

Je travaille pas mal l’argent pour mes apprêts. Pour le moment, je ne soude pas, c’est vraiment de la bidouille. Je fais vraiment en fonction du fruit : je fais des calibres, je galbe, je peins, je cercle, etc. Je me sers beaucoup du fil d’argent et du matériau qu’on appelle gold-filled, une base de laiton avec un énorme plaquage en or. Ensuite, parmi les matériaux naturels, tout y passe : plumes, écorce, crottes de lapin, tout ce que je trouve et qui peut générer une idée.

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Allez-vous tout cueillir ou des personnes vous apportent des matériaux?

Désormais, certaines personnes m’apportent leurs cueillettes car elles commencent à voir comment je travaille mais sinon tous les bijoux créés proviennent de récoltes que j’ai faites.

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Est-ce principalement sur votre île?

Je suis à Belle-île depuis seulement un an, il y a donc des récoltes antérieures du sud de la France. Sinon, je suis une ramasseuse compulsive, tout y passe, j’en ai toujours plein les poches. Ça peut être n’importe où et n’importe quand, ça peut être à l’étranger à l’occasion d’un voyage ou sur la plage en me promenant. Une grande partie de mon travail se déroule également pendant mes balades.

Concernant les plumes, j’en trouve et il y a également beaucoup de chasseurs qui m’en apportent. Ce sont les plumes d’oiseaux qui sont mangés. Il y a beaucoup de faisans, de canards et de bécasses. J’ai pas mal de plumes de paons qui sont incroyables. Ce n’est pas du tout difficile d’obtenir des plumes de paons puisqu’ils muent au mois d’août. Dès qu’il a terminé de faire sa parade nuptial, il perd tout. Il faut être au bon endroit au bon moment ou avoir des petits plans. Et surtout, des personnes m’en apportent des quantités et parfois j’ai des trésors, c’est très chouette. Certaines personnes me donnent des plumes de martin pêcheur ou des plumes de perroquets lorsqu’ils reviennent d’un voyage. J’essaie au maximum de ne pas acheter de plumes même s’il m’est arrivé de le faire. Je préfère savoir d’où elles viennent et je préfère avoir les plumes d’un oiseau qui a été mangé plutôt que celles d’un oiseau qui a été tué pour celles-ci, c’est vraiment terrible. Chez les oiseaux, il y a une variété de plumes dingue. Il n’y a pas besoin d’utiliser les plumes d’oiseaux exotiques pour avoir des effets graphiques magnifiques.

© Fabien Guiraud. Site L'Envers du Décor www.lenvers-du-decor.com


© Fabien Guiraud

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Comment fonctionne votre processus de création?

C’est très variable. Ça passe d’abord par la récolte. Généralement, je manie l’objet, je l’ausculte, je regarde ce qu’il y a dessous, je regarde comment je peux obtenir telle ou telle forme, etc. Je bidouille, je mets la pièce de côté, j’attends que ça murisse un peu et puis il y a un moment où ça vient. Parfois, ça ne vient pas alors que le matériau me plaît vraiment et dans ce cas-là, je dessine. Je fais des croquis et j’essaie de voir ce que je peux faire à travers le dessin. Je viens de terminer une série avec de l’écorce de bouleau, ce n’est pas encore totalement au point mais c’est la troisième fois que j’essaie de sortir quelque chose qui me plaise vraiment avec l’écorce. Je sens que je commence à toucher à quelque chose. J’ai souvent besoin de commencer quelque chose et, si ça ne me convient pas je le mets de côté, je retravaille, etc. Il y a des bijoux dont l’idée vient toute seule, je vois l’objet et l’idée arrive de façon évidente. D’autres bijoux nécessitent un processus beaucoup plus long à l’atelier avant que je ne réussisse à m’en emparer. Il y a des évidences et des pièces qui le sont beaucoup moins ! Je sens tout de même lorsqu’il y a une possibilité avec un objet ou une matière. Il y a des choses que je mets de côté immédiatement, je sais que ça ne marchera pas, ce n’est pas la peine de bloquer.

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Comment fonctionne une journée habituelle de travail?

Tout dépend de la saison. En fin d’année, je fais beaucoup de salons, j’essaie donc tant bien que mal d’avoir un stock conséquent en amont. Sinon, en général, je commence vers 9h après avoir déposé ma fille à l’école. L’été, j’ouvre jusqu’à 19h, je fais donc des journées complètes sans m’arrêter. Ensuite, quand ma fille est à l’école et qu’il n’y a pas de nécessité touristique d’ouvrir, je fais des horaires d’école. Ça représente entre 7h et 10h de travail par jour, 5 à 6 jours par semaine.

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À quel moment faites-vous votre cueillette?

C’est généralement durant mes loisirs, quand je me promène le week-end ou bien j’ai repéré des endroits précis où je sais que je vais trouver telle ou telle chose. Dans ce cas-là, je prends une heure dans ma journée consacrée à cette récolte. Ces endroits sont également repérés durant mon temps libre.

Pour lire la suite : Marine Cauvin – 3/3 Pour aller plus loin…

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Photos : © Christine Réfalo, © Nathan Cauvin, © Fabien Guiraud . Photographs provided by Marine Cauvin and published with her approval. Cover : © Nathan Cauvin.