Durant cette visite d’atelier, Alix nous parle de sa fascination pour le contraste entre la brutalité du geste et la délicatesse du résultat dans son métier, de ses outils et de ses matériaux.
Photo : © My Sen
Où travaillez-vous?
Je travaille dans un petit atelier que j’ai installé dans l’ancien cabinet médical de mon père. Il est situé dans une zone qui va être détruite, je peux faire du bruit, sans trop gêner les voisins ! Dedans, il y a un peu de « bon coin » (surtout pour les outils), beaucoup d’Emmaüs. J’ai essayé de me construire un cadre chaleureux, il y a une vitrine lumineuse et beaucoup de plantes !
Photo : © My Sen
Quel est votre « outil » de prédilection? Pourquoi?
Difficile de choisir… mais je dirais le marteau ! Il y en a de très beaux.
J’aime le contraste entre un geste et un outil qui paraissent brutaux, et les résultats délicats qu’ils permettent d’obtenir.
Photo : © My Sen
Quels sont les outils que vous utilisez le plus (quelle en est la fonction)?
Le marteau, pour écraser le laiton sur un tas en acier, ou le former (maillet en plastique), autour d’un triboulet ou dans un dé à emboutir.
La scie bocfil pour découper le métal. Et le chalumeau, pour chauffer le métal, faire les soudures et voir des couleurs incroyables apparaître sur le métal.
Photo : © Tony Trichanh
Il y a toujours la première phase de travail un peu grossière, que tout le monde voit, et la deuxième phase, plus minutieuse et qui prend un temps que l’on ne soupçonne pas, avec tout le petit matériel comme les limes, les pinces, les forets…
Photo : © My Sen
Quels matériaux utilisez-vous le plus et pourquoi? Lesquels préférez-vous?
J’aime travailler le métal ! J’utilise principalement du laiton, pour des raisons très pragmatiques. C’est le moins cher, facile à trouver et à travailler, et il est connu des clientes. Mais j’aime aussi travailler le cuivre, qui a des couleurs incroyables et qui est plus « mou » !
J’ai eu l’occasion d’essayer l’argent, qui est un vrai plaisir à manipuler. Mais je me le réserve pour plus tard, pour le proposer en alternative au laiton doré, quand j’aurai trouvé un équilibre dans mon activité.
Photo : © My Sen
Comment choisissez-vous les matières premières?
J’ai des fournisseurs à Paris, pour les plaques et les fils de laiton. Pour le choix des épaisseurs / diamètres, j’ai des mesures de bases, et parfois, je me fais plaisir et je prends plus épais ou plus fin, pour provoquer de nouvelles choses.
Photo : © Tony Trichanh
Photo : © My Sen
Comment fonctionne votre processus de création (croquis, moodboard, essais, etc.)?
Je ne dessine pas mes modèles, ou seulement un gribouillage pour poser la forme générale. Je travaille directement la matière, et j’affine le modèle. Certains bijoux naissent en quelques heures, comme une évidence, d’autres ont besoin d’ajustements, et peuvent prendre plusieurs mois, le temps de laisser poser les choses.
Photo : © My Sen
Ensuite, l’idée est d’étoffer mes collections pour créer un catalogue évolutif : en rajoutant une bague à la collection Arum, en enlevant un collier à la collection Samares par exemple. Je me suis rendu compte assez vite que tout marchait mieux en suivant ses envies, sans essayer de se soumettre aux changements de saisons ou à la mode. À mon échelle, c’est un rythme trop soutenu et ça pourrait vite devenir superficiel.
Photo : © My Sen
À quoi ressemble une journée de travail habituelle?
Je n’ai pas encore réussi à organiser mes journées ou à trouver un équilibre ! Mais les tâches récurrentes sont : s’occuper des commandes, vérifier le stock et le mettre à jour en fabricant les bijoux (surtout en vue des salons qui rythment l’année) et créer mais ce n’est pas ce qui prend le plus de temps, malheureusement. Ensuite, à la sortie d’une nouvelle collection, les tâches sont : mettre le site à jour, organiser une séance photo, faire un catalogue et l’envoyer aux boutiques., tenir sa comptabilité, faire vivre la marque sur les réseaux sociaux…
Bref, je dois toucher un peu à tout, et je ne peux pas m’ennuyer !
Pour lire la suite : My Sen – 3/3 Pour aller plus loin…
Photo : © My Sen
Photos : © My Sen, © Tony Trichanh . Photographies fournies par Alix Tran et publiées avec son autorisation. Cover : © Tony Trichanh.
