Rachik a une double approche du savoir-faire : celle d’un créateur et celle d’un professeur. Cette position lui permet de réfléchir à l’utilité de chaque geste et de chaque outil.
Où travailles-tu?
Je travaille à l’AFEDAP et à Paris atelier en tant que professeur, je donne des cours particuliers dans mon atelier et je crée des pièces que je vends à des lieux qui les commercialisent. Mon atelier est chez moi, à Paris.
Quel est ton outil de prédilection et quelle en est la fonction?
C’est le bocfil, une scie. J’aime cet outil parce qu’il m’a apporté une belle surprise. Quand je suis sorti de ma formation, en 2002, la première chose que j’ai eu envie de faire, c’était de repercer l’homme de Vitruve sur une pièce d’un euro. J’ai complètement découpé ses contours au bocfil et j’étais assez content du résultat. Ça a déclenché quelque chose qui m’a fait comprendre que j’avais saisi le fonctionnement de cet outil, contrairement à d’autres où l’utilisation n’engage pas une compréhension de l’outil spécifique.
Quels sont les autres outils que tu utilises le plus?
Ce sont tous les outils utiles pour réaliser, par exemple, un anneau. Il va falloir passer par les outils de mise en forme, les outils de polissage, les outils d’émerisage, de limage, de sciage, etc.
Comment choisis-tu ton matériel et tes matières premières?
Mon matériel, je ne le choisis pas, il s’impose. À un moment donné, je me retrouve coincé par rapport à un outil que je n’ai pas et dont le besoin est récurrent et je finis par me dire qu’il faut que je me le procure. Concernant les matières premières, je suis amoureux du métal, c’est la matière que j’appréhende le plus. Ensuite, quand j’ai besoin d’utiliser la cire par exemple, ça va être par nécessité plus que par envie. Après, je peux sortir du cadre et aller chercher d’autres matériaux. Ce n’est pas une orientation, ça répond généralement à une direction pour un modèle.
© Aline Princet
Quels matériaux aimes-tu le plus travailler?
J’aime travailler les métaux blancs qui offrent un éclat particulier comme l’or gris.
Fabriques-tu toi-même tous les bijoux de tes collections?
J’ai la chance d’avoir près de moi une amie bijoutière de confiance (Nathalie Ouvrard), à qui je peux déléguer en toute sérénité, une partie de ma fabrication…
Comment se déroule une journée habituelle de création?
Quand j’en trouve le temps, il faut déjà que je sache quelle direction prendre, quel modèle je veux faire, ensuite je vais passer à la pré-maquette. Tout objet peut intervenir dans une pré-maquette, ça peut être du papier, du fil de fer… Il faut que j’arrive à trouver le moyen de visualiser l’objet pour pouvoir ensuite en prendre les cotes, essayer d’imaginer les rapports de proportion, qu’il ait un beau volume. Ensuite, je peux passer à une maquette un peu plus proche de la réalité, voire la maquette peut devenir un prototype qui ensuite sera moulé pour obtenir ensuite des modèles.
Pour lire la suite : Rachik Soussi – 3/3 Pour aller plus loin…
Photos : © Rachik Soussi sauf mention © Aline Princet. Photographies fournies par Rachik Soussi et publiées avec son autorisation.