Installée dans le Sud de la France, Juliette est la créatrice de la marque
de bijoux éponyme Juliette Laloë (elle s’appelait au départ Little Jou).
À la fois enthousiaste et mélancolique, Juliette a des idées plein la tête,
une culture débordante, une persévérance sans limite et une soif
d’apprendre de nouvelles techniques. Sa marque reflète ses
préoccupations. Elle utilise des matériaux recyclés, détourne des objets,
explore différents univers et aborde des techniques artisanales très
diverses. La qualité, l’originalité et l’élégance de ses collections
se vérifient toujours malgré l’incessante insatisfaction de Juliette
qui cherche en permanence à progresser et ne se repose jamais sur ses acquis.
Rencontre en trois temps avec cette jeune créatrice charismatique.
Peux-tu te présenter en quelques mots?
Sauvage et passionnée, je crois que c’est ce qui me définit le mieux.
Mes amis diront sûrement un peu névrosée aussi.
Comment définis-tu ton univers?
Juliette Laloë est une marque de bijoux fantaisie haut de gamme. Elle est
inspirée de traditions, d’ethnies et d’histoire, que je tente de
traduire avec nos codes contemporains.
Les deux photos ci-dessus : © Quentin Collas
D’où vient le nom de ta marque ?
Au départ, ma marque s’appelait Little Jou. C’est un surnom que mes voisins m’ont donné en Angleterre.
Je l’ai gardé car il me correspondait à l’époque.
Aujourd’hui, j’ai évolué et le nom de la marque est devenu le mien : Juliette Laloë.
Quand et comment as-tu décidé de lancer ta propre marque ?
Je n’avais pas réellement décidé de monter une marque, je cherchais à
me réaliser dans quelque chose qui me passionne. J’ai utilisé mon
surnom et c’est progressivement devenu un projet de lancement
d’une marque…
Comment a démarré cette passion pour les bijoux ?
J’ai toujours aimé bricoler mes bijoux depuis le lycée, c’est mon côté
pie, j’aime ce qui brille ! C’est devenu une passion quand j’ai découvert
que ça pouvait aussi être un art, des sculptures, des recherches…
une emprunte de l’histoire.
© Quentin Collas
© Quentin Collas
Fabriques-tu toi-même tous les bijoux de tes collections ?
Je fabrique tous les bijoux exceptée une collection de bagues en laiton
réalisée en collaboration avec un artisan turc.
Tu es une autodidacte, comment s’est lancée cette aventure?
Ce n’est pas très glamour.
J’ai eu un accident il y a 5 ans et je suis restée allongée pendant quasiment
un an. Je m’ennuyais et je disposais uniquement de mes mains alors j’ai
repris une petite mallette remplie d’objets mis de côté. J’ai toujours fait
des petits bijoux et des babioles pour moi. J’ai commencé à faire des
coiffes, etc. C’était plus pour m’occuper en attendant de reprendre mes
études l’année suivante. Ce sont mes copines qui m’ont poussée à continuer,
elles trouvaient ça chouette.
J’ai continué à bricoler pendant deux ans et, depuis un an et demi, je
commence à me perfectionner. J’ai appris beaucoup de mes amis qui sont
dans le stylisme : la couture, la broderie, le patchwork, le tricot, toutes
les choses techniques du textile.
Je continue à rencontrer des gens pour apprendre des choses.
L’année dernière c’était la soudure, la découpe du métal et cette année,
j’aimerais vraiment apprendre la fonte. Ça coûte tellement cher
de se tromper, je n’ai pas envie de bidouiller toute seule avec mes livres.
J’ai rencontré une créatrice de bijoux qui serait peut être partante pour
m’apprendre certaines techniques.
Quand as-tu créé ton tout premier bijou ?
Je devais avoir 16 ans, c’était un sautoir avec plein de dents et de pièces
anciennes que j’avais percées. Je me suis fait un sautoir avec des cordes
et des chaines, c’était ma période un peu bohème. Un énorme truc un peu
lourd mais je l’aimais bien. Je me le suis fais voler pendant un festival.
Je ne l’ai jamais revu !
Qu’as-tu ressenti ? Te voyais-tu en faire ton métier ?
Non, je bricolais toujours un peu mes pièces neuves car je ne trouvais pas
trop de bijoux qui me plaisaient. Je trouvais une chaine dans une boutique
ou aux puces ainsi qu’un truc d’ameublement énorme en laiton et je
l’accrochais sur ma chaine. J’étais fière d’avoir des bijoux qui n’étaient qu’à
moi et que les autres pouvaient remarquer. C’est toujours gratifiant et ça ne
coûte rien.
© Quentin Collas
Quels sont les univers qui t’inspirent ?
Tout m’inspire. Plus jeune, j’étais passionnée par la mythologie.
Après, je me suis intéressée à l’histoire, les grecs, les romains, les byzantins,
les égyptiens, les indiens, les incas, etc. Dans l’histoire plus récente, il y a
également l’art nouveau et l’art déco. L’histoire est inépuisable. Les pièces
ont déjà été faites mais on peut toujours les réinterpréter.
© Quentin Collas
Les ethnies m’inspirent aussi. J’en découvre des quantités dès que je fais des
recherches. En Ethiopie, il y a une ethnie qui fait des bijoux avec des montres,
c’est trop drôle. La nature est également inspirante. Il y a deux jours, en me
promenant, je suis tombée sur un os de sanglier qui ressemble à un os à moelle
mais beaucoup plus petit que ceux qu’on mange. J’ai tout de suite eu une idée.
J’ai demandé à mes amis de récupérer leurs os. L’idée est là, ancrée, j’attends
juste la matière.
© Quentin Collas
Certaines personnalités qui ne portent pas forcément de bijoux me donnent
des idées ou encore la décoration chez les gens, je ne me limite pas. J’ai un
carnet dans lequel je fais des croquis, des textes, je note et j’agraphe des
photographies pour ne pas oublier. Je me dis que je reprendrai ça dans
quelques années et que je ferai tout ce que j’ai oublié de faire.
Pour lire la suite : Juliette Laloë – 2/3 Savoir-faire
Crédits photos : photographies publiées avec l’autorisation de Juliette Laloë © Juliette Laloë sauf mention suivante : © Quentin Collas, quentincollas.be et couverture : © Annabelle Foucher