Cleopatra’s Bling, savoir-faire

Olivia a acquis son savoir-faire en bijouterie à son arrivée à Istanbul.
Elle évoque sa façon de travailler, ses difficultés et la découverte
des méthodes d’apprentissage et de fabrication en Turquie.

Où travailles-tu?

Je fais les modèles en cire chez moi, dans un petit atelier que j’ai aménagé
et je les emmène ensuite au Grand Bazar d’Istanbul où des modèles en
bronze sont réalisés ainsi que des moules.

Je fais réaliser, par exemple, 10 exemplaires en bronze de chacun
de mes modèles à des artisans au Grand Bazar et je m’occupe ensuite
de les polir sur place. J’ajoute les pierres ou les colliers chez moi.

Comment as-tu appris la bijouterie?

Il y a deux ans, après différents voyages à Istanbul, je suis revenue
et j’ai rencontré un chaman au Grand Bazar, dans un tout petit atelier
enfumé et il m’a tout enseigné en turc. Autant dire que c’était difficile
car, à l’époque, je ne le parlais pas encore. C’était dur mais enrichissant.
Il me donnait un peu de cire et me disait « fais un oiseau », je le faisais
et on avançait comme ça.

C’est une technique ancienne inspirée des cultures byzantine et romaine
que peu de gens utilisent car elle est assez longue. J’ai appris à créer mes
bijoux de cette manière, c’est assez fou car je n’ai jamais pris de vrais cours
dans une école. On apprend beaucoup de cette manière à Istanbul.
Tous les endroits où je dois aller pour la fabrication des pièces sont des
petits ateliers perdus au milieu de nulle part, rien n’est indiqué, on se
débrouille uniquement grâce aux personnes que l’on connaît.

Parlons de ton savoir-faire, comment procèdes-tu pour créer des modèles? Est-ce que tu dessines?

J’ai grandi dans une famille d’artistes. Mon père et mon frère sont
musiciens et ma mère est une artiste. C’est un peu la culture familiale!
J’ai déjà un certain savoir-faire, je sais dessiner ce que je veux représenter mais je suis davantage douée
pour modeler les choses directement avec mes mains. Je pense à une
idée et je la réalise avec la cire et la chaleur. Il m’arrive de les dessiner
mais, généralement, je les visualise et je les réalise directement en cire.
Je n’ai pas l’impression de faire un bijou quand je travaille avec la cire.
On peut faire énormément de choses avec ce matériau mais il faut être
très patient car c’est parfois trop chaud, trop froid, ça casse, etc.
C’est frustrant et passionnant!

Où vas-tu chercher ton inspiration?

Je m’inspire beaucoup de ce qui m’entoure au quotidien car Istanbul
est une ville très riche. Les formes anciennes, les figures historiques
de femmes puissantes, etc. J’ai récemment découvert cette femme
syrienne qui a lutté contre l’empire romain. Elle portait beaucoup
de bijoux magnifiques. C’est le type de femme que nous voulons être
aujourd’hui. À mes yeux, ces femmes étaient bien plus fortes que ce
qu’on en dit aujourd’hui.

As-tu un outil de prédilection?

Une sorte de couteau que j’utilise pour modeler la cire. Sinon, j’utilise
la chaleur et mes doigts pour travailler les modèles.
Cet outil me sauve la vie!

Comment t’approvisionnes-tu?

J’achète la cire à Istanbul, je crée mes modèles chez moi, je vais au
Grand Bazar, je donne mes modèles en cire à des artisans qui les
transforment en bijoux en or, en bronze ou en argent. Ils achètent
directement les matières premières car ils ont l’habitude.
Après la fabrication, les différents bijoux sortent sous forme d’une
sorte de sapin de Noël. Ils sont tous attachés, ils les coupent et on
les polit sur des grosses machines car l’opération est difficilement
faisable à la main avec cette technique. Je trouve ensuite les pierres
en Turquie ou je les fais venir d’Inde, d’Iran (turquoise) ou
d’Afghanistan (lapis lazuli).

Pour lire la suite : Cleopatra’s Bling – 3/3 Pour aller plus loin…